• le culte du gris

    Premier aveu: j’aime le gris. Ou plutôt, je voue un véritable culte au gris. C’est une passion qu’on pourrait même qualifier d’obsession.
    L’histoire d’amour entre cette couleur et moi ne date pas d’hier, je crois que ça doit faire au moins un quart de siècle que je fais partie de son fan club. Mon dressing est un autel dédié au gris, décliné dans toutes ses tonalités, qui fait sa loi parmi le reste de la palette chromatique qu’on trouve habituellement dans une armoire. De grands tiroirs abritent mes t-shirts, de longues étagères accueillent mes baskets, une partie de ma penderie regroupe des robes et de hautes piles voient les jeans s’entasser. Tout est gris.
    J’ai aussi une collection impressionnante de pulls en cachemire gris, l’équivalent de la “petite robe noire”, qui pour l’œil non averti, non éduqué, se ressemblent tous mais pour les maniaques comme moi, ont tous leur propre identité.

    Coucou le ton sur ton gris avec l’Octo Finissimo de Bvlgari
    © Mickael Gautier

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le gris est une couleur extrêmement lumineuse, vivante, pleine de nuances. Nettement moins commune, ennuyeuse et austère que le noir qui en plus durcit les traits, le gris réveille le teint et se marie avec toutes les couleurs, des plus traditionnelles aux plus funky. Bref, cette adoration explique aussi pourquoi je ne porte, au poignet comme aux doigts ou autour du cou, que des métaux dits blancs (bien qu’ils soient gris, clair certes mais gris quand même…) comme l’acier, le titane, l’argent, le platine et l’or blanc. J’aime leur discrétion et leur élégance, et mon regard se dirige systématiquement vers les montres “grises” que ce soit dans la vitrine d’un détaillant ou au bras de quelqu’un.

    … et coucou la superbe robe Leinboho, lumineuse et vaporeuse, qui se marie à merveille avec la couleur et la silhouette de l’Octo Finissimo de Bvlgari
    © Mickael Gautier

    Deuxième aveu: quand j’ai découvert l’Octo Finissimo, mon premier réflexe a été de dire simplement “Oh”.
    En fait, je n’ai pas su comment réagir, moi la grande bavarde. Est-ce qu’elle me plaît? Est-ce qu’elle ne me plaît pas? Rien. Juste “Oh”. Je suis restée perplexe, étonnée, indécise.
    Ensuite, j’ai pris du recul pour mieux l’observer, bien aimé sa couleur, sa finition mate, cet esprit furtif apporté par le ton-sur-ton gris éléphant, mais trouvé sa forme trop anguleuse pour moi qui suis toute en rondeurs tant dans mon corps que ma personnalité. Il paraît que c’est la malédiction des icônes, une sorte de rituel sacré, un passage obligé avant la gloire. Je visualise ça comme un tunnel où règne l’obscurité, tellement étroit qu’il faut s’accroupir, avancer doucement à quatre pattes vers lalumière (oui, j’ai une imagination débordante, je sais). Mais tout ça pour dire que les plus grandes montres, celles qu’on qualifie d’icônes, celles qui traversent
    le temps, celles que tout le monde s’arrache, ont été snobées à leurs débuts, connu le désespoir du rejet puis la première marche du podium.
    Pour cette Bvlgari, certains ont tout de suite détecté son potentiel de superstar. Pas moi. Il m’a fallu plus de temps, pour l’apprivoiser, pour qu’elle m’apprivoise. Je la trouvais belle sur le poignet des autres mais…

    C’est (encore) une de mes copines qui a changé la donne – j’ignore comment je ferais sans elles! – en mettant un chronographe GMT Octo Finissimo en titane entre mes mains. Et soudain, toutes ses qualités m’ont sauté aux yeux. J’ai été bluffée par la finesse de ce record du monde, par sa légèreté. Il a fallu lui retirer beaucoup de maillons (8 très exactement) pour qu’elle soit confortablement calée sur ma peau. C’est sans doute idiot mais je me suis vraiment sentie privilégiée d’avoir cette beauté, je l’ai portée pendant quelques semaines avec un plaisir immense.
    Et puis quelques mois plus tard, mon poignet a à nouveau eu la chance d’accueillir une Octo Finissimo, toujours en titane mais en version deux- aiguilles (ce que je préfère). Et là… gros gros crush… je peux affirmer que, malgré son jeune âge, c’est en effet une icône, une des rares montres contemporaines à qui on peut donner ce titre. Pas parce qu’elle me plaît mais à cause (ou grâce?) au succès qu’elle rencontre.
    Je le dis sans une once de vulgarité, en toute franchise et avec énormément de tendresse: l’Octo Finissimo est “un aspirateur à mecs”. Elle éveille l’intérêt, suscite la curiosité, collectionne les œillades, c’est im-pre-ssio- nnant! En quinze ans d’horlogerie, je n’ai jamais vécu une telle expérience avec une montre. Jamais. Où que j’aille avec elle au poignet, on me pose des questions sur elle, on me demande de la retirer pour pouvoir l’admirer de plus près, on attend mon autorisation pour la passer.

    Jaune et gris, Leinboho et Bvlgari: quelle harmonie!
    © Mickael Gautier

    Et puis les gens ont rarement l’habitude de la voir portée par une femme. Elle séduit les amis qui la découvrent “en vrai”, les confrères qui rêvent de se l’offrir, les designers d’autres marques. Quand j’aperçois les yeux de mon interlocuteur dévier vers mon bras, je la retire et je la lui tends en lui disant “Oui, tu peux” parce que j’ai senti dans son regard cette admiration que j’ai moi- même vécu avec le chronographe GMT.

    Au cours des Geneva Watch Days fin août, après avoir passé la journée à sautiller d’un rendez-vous à l’autre, je me suis offert une pause déjeuner (grand luxe!) au bord du Rhône et sous le soleil. Pour contenter mon estomac, je suis allée chercher un sandwich au rayon traiteur d’un supermarché. C’est très banal, oui. Ce qui l’est moins, c’est d’entendre, au moment de récupérer mon panino, le serveur me demander timidement “C’est une Bvlgari? Celle qui a des records du monde?”. Devant mon air agréablement surpris, il m’a posé des questions sur l’Octo Finissimo, m’a dit qu’il la trouvais magnifique. J’ai souri. La force d’une icône, elle est là. Dans ce type de moment ordinaire, dans ce lieu ordinaire, face à quelqu’un qui n’est pas du sérail. Je n’étais pas entourée de mes confrères, ni en visite dans une manufacture ou dans une soirée horlogère avec des amateurs de montres: je me trouvais dans un supermarché du centre ville. Accompagnée d’une superstar.

    Troisième aveu: je ne vais jamais jamais la rendre…

    On est biiiiiien <3
    © Mickael Gautier
  • #vismavie (confinement bis)

    Oui, la tendance 2020 est de se plaindre constamment, et à travers tous les supports possibles, de la crise sanitaire que nous vivons.
    De gémir comme un animal blessé de devoir porter un masque, de ne pas pouvoir faire de shopping ni aller au restaurant, d’être obligé de limiter les contacts et les déplacements au strict minimum.

    J’avoue que moi aussi la situation me perturbe, m’angoisse, mais bousculer mes petites habitudes pour le bien-être de tous ne me dérange pas.

    De l’empathie pour les commerçants et les entreprises qui se prennent des baffes monumentales dans la gueule depuis mars, j’en ai.
    De l’admiration pour le personnel soignant qui bosse comme des connards 24/7, j’en ai encore plus.

    En prenant du recul, l’essentiel est là: mes enfants sont en bonne santé, mes proches se portent bien, nous avons tous un toit sur la tête et à manger dans nos assiettes.
    Le reste n’est que fioriture. Vraiment.

    Nous gérons la séparation comme nous le pouvons, avec les outils à notre disposition et nous nous apprêtons à passer les fêtes chacun de notre côté.
    C’est triste mais c’est comme ça.
    Je préfère me priver de mes parents, de mes frères et de ma soeur, sacrifier un Noël tous ensemble, pour pouvoir mieux les retrouver plus tard.

    Et Dieu sait que ma famille me manque, que je ne me suis jamais sentie aussi isolée en Suisse, loin de ceux que j’aime le plus au monde.
    Le virus m’a séparée de ma fille pendant 4 mois et croyez-moi, 4 mois sans voir son enfant, c’est long, c’est dur à vivre.

    Cependant, cette année que tout le monde veut voir disparaître, comme si en 2021, pfiou! le virus allait se volatiliser le 1er janvier à minuit, ne m’a pas empêchée de vivre des moments de joie.
    Retrouver ma fille après cet éloignement difficile, renforcer les liens avec mes amies, accueillir deux magnifiques bébés, rêver de nouveaux projets.
    La vie est différente mais elle est toujours là.
    A nous d’être résilients, d’être responsables et solidaires, de nous adapter.

    A tous ceux qui se plaignent, se sentent prisonniers, j’ai juste envie de leur demander s’ils aiment leurs parents.
    Parce que moi j’aime les miens, j’aime ma mère, j’aime mon père.
    L’idée qu’ils puissent tomber malades, qu’un médecin ait à choisir lequel des deux sauver, me terrorise.

    Et tous ces risques que je ne prends pas, toutes ces mesures aussi inutiles puissent-elles sembler que je respecte, je le fais pour eux.

  • #vismavie (en bouclage)

    Il est 12:25, je suis encore en long t-shirt de coton, un vieux gilet en laine sur le dos, face à l’écran de mon iMac.

    Je maintiens cette position et ce look dégueulasse depuis 8:30, l’heure à laquelle mon fils est parti à la crèche avec son père.

    Je n’ai pas sorti le chien et elle me lance des coups d’œil discrets de temps en temps, histoire de me rappeler qu’elle existe et qu’elle a une vessie.

    Mais c’est la dernière ligne droite avant l’imprimerie et mon chien a pris l’habitude d’attendre.

    Je tourne la tête et j’observe mes chats, allongés sur le parquet baigné de soleil, qui font leur toilette, insensibles à mon stress, comme les petits connards égoïstes qu’ils sont.

    Dans quelques minutes, ma partie du travail sera terminée, ma graphiste en or avec qui je travaille main dans la main prendra le relai et moi je sauterai sous la douche.

    Je mettrai une tenue décente, sortirai enfin mon chien et peut-être que moi aussi je passerai l’après-midi allongée sur le parquet à profiter du soleil comme une connasse égoïste.

    Qui sait.

  • Le blanc, une passion

    La montre J12 possède cette capacité formidable de me transporter dans le temps et de me renvoyer en un éclair dans le passé, ce que j’adore.
    Je me revois dans ma vie d’il y a vingt ans, Parisienne, fraîchement diplômée et engagée dans une agence de publicité, un peu angoissée par la fin du monde prédite par Paco Rabanne que je croise régulièrement boulevard Raspail, déjà collectionneuse de vernis à ongles Chanel, accro aux terrasses de café de la Rive gauche que j’envahis avec ma bande de copines.
    La vie est belle, facile et insouciante (malgré Paco Rabanne).

    La J12 de Chanel est une caresse sur le poignet, aussi douce que lorsqu’on laisse sa main effleurer les épis de blé
    © Mickael Gautier

    Nous sommes tous attablés, sirotant nos cocas (light parce que le zéro n’existe pas encore), chacun arborant une montre au poignet. La mienne est petite, carrée, à quartz (oui, je sais…) et porte le patronyme d’un couturier et maroquinier italien. Il y de grands noms de l’horlogerie suisse tout autour de moi, principalement des marques de la Vallée de Joux. Je découvre celle de mon voisin. Impossible de la rater, elle est nonseulement magnifique mais c’est la première fois que je croise un tel modèle. “C’est une J12. De Chanel. Elle est automatique et en céramique noire”. Ah bon? Moi qui connais cette marque par cœur, qui suis les moindre faits et gestes de Karl Lagerfeld, qui dévore des yeux les défilés sur Paris Première, je me sens un peu bête tout d’un coup.
    Nous sommes en l’an 2000 et la J12 et moi venons de faire connaissance. On me la prête quelques minutes pour que je puisse l’essayer et l’admirer (même si le bracelet réglé sur le poignet du monsieur est trois fois trop grand pour moi). Je me plonge dans son regard d’ébène, tout en caressant son corps si doux. Peut-être que je lui murmure des mots d’amour, peut-être que je lui fais la promesse secrète de la posséder un jour. Mais ce désir muet a de toute façon volé en éclat trois ans plus tard lorsque est née la J12 blanche.

    Longtemps boudé, le blanc est devenu une couleur incontournable, que ce soit chez moi ou dans mon dressing. Non, en réalité, on peut même parler de véritable fascination. C’est une teinte qui me renvoie au passé elle aussi (décidément…), qui fait remonter en moi des souvenirs d’enfance, de rires avec mes frères mais aussi de disputes, de soleil, de cigales et d’odeurs de thym et d’huile d’olive. Les murs recouverts de chaux de la maison de mes grands-parents au bord de la Méditerranée, les nuages en pointillés qui perturbent paisiblement le ciel d’été, les robes légères que l’on porte sur la plage, les pieds dans le sable.
    Le blanc, c’est la lumière, et la lumière met tout le monde de bonne humeur. Forcément, avec un tel esprit, la J12 et son manteau virginal, immaculé comme un flocon de neige, ne pouvaient que me plaire.

    Polyvalente, la J12 de Chanel se marie à merveille avec ma salopette Modetrotter et des Stan Smith
    © Mickael Gautier

    Vingt ans plus tard, je suis toujours attablée mais à Genève cette fois (et devant un coca zéro), en tête-à-tête avec une de mes meilleures amies. A son poignet, le Saint Graal de mes vingt-huit ans, la pureté parfaitement incarnée avec cet habit monochrome.
    Comme je le fais tout le temps avec tout le monde (même des inconnus) lorsque je repère une montre qui m’intéresse, je demande si je peux l’essayer. Bien sûr. Je demande si je peux la prendre en photo. Bien sûr aussi. Je demande si je peux la garder toute la vie. Bien sûr… que non. Ma copine propose de me la prêter quelques semaines. Au moment où j’accepte, je sais que je vais pleurer le jour où il me faudra rendre ce modèle que je convoite avec tant d’ardeur.

    Bizarrement, les montres blanches restent rares même si certains horlogers s’y mettent timidement. En 2003, si je fouille dans ma mémoire, je ne vois que
    la J12. Les gens préfèrent sans doute des teintes plus démocratisées, plus passe-partout (ennuyeuses, quoi) comme le noir alors qu’une montre, c’est avant tout une émotion mais aussi un statement, une affirmation de sa personnalité.
    Et contrairement aux idées reçues, le blanc va avec tout. Il illumine tout, il réveille tout. C’est aussi pour cette raison que j’aime l’acier, le titane et le platine: j’aime la lumière. Et la J12 la reflète comme nulle autre montre, même si Mickael ronchonne parce qu’il n’arrive pas à la photographier comme il le voudrait tellement elle brille.

    Comme une étoile au poignet. Pas facile à capturer, certes, mais qui a envie de capturer les étoiles?

    Autre avantage non négligeable: la J12 de Chanel accentue le hâle de ma peau bronzée
    © Mickael Gautier

    Le contact de la céramique sur la peau est aussi soyeux qu’une plume. A tel point que, fait inédit pour moi, je me suis endormie plusieurs nuits d’affilée avec la montre au poignet. C’est simple: je ne la sens pas tellement elle est légère.
    Le boîtier mesure 38mm de diamètre, une taille unisexe. Parce que ça aussi c’est un détail que j’apprécie: la silhouette androgyne de la J12 qui peut être portée par une femme comme par un homme. La preuve, la première fois que j’ai croisé son chemin en 2000, elle était au bras d’un garçon. Son allure est unique, elle ne rentre dans aucune case. Ce n’est pas une montre sportive bien qu’elle en possède l’esprit, ni une montre de plongée bien qu’elle soit étanche jusqu’à 200m de profondeur, et encore moins une montre classique bien qu’avec le temps elle soit devenue un classique. A l’aise dans toutes les situations, elle se marie merveilleusement bien avec une tenue formelle telle qu’un tailleur – vêtement introuvable dans mon armoire – mais je préfère l’associer à une petite robe en coton blanc toute simple ou un short en jean et des Stan Smith.

    Franchement, le confort de la J12 de Chanel au poignet est indéniable
    © Mickael Gautier

    L’année dernière, la J12 a fêté son dix-neuvième anniversaire, l’occasion pour Arnaud Chastaingt, le Directeur du Studio de Création Horlogerie Chanel depuis 2013, de modifier quelques détails ici et là, de la faire “changer sans changer” comme il le dit si bien. En mettant la nouvelle et l’ancienne côte-à-côte, on peut détecter ces petites transformations. Personnellement, je la trouve encore plus raffinée (comme si c’était possible), plus aboutie peut-être. Mais ce qui est important à mes yeux, amatrice d’horlogerie oblige, c’est le nouveau cœur qui anime ses fonctionnalités que j’estime essentielles (les heures, minutes, secondes au centre et la date à 4h30: je n’ai besoin de rien d’autre), le calibre 12.1 de manufacture qui délivre 70 heures de réserve de marche. Et 70 heures, quand la majorité des montres tourne autour de 42 heures, quand on a des enfants et qu’on vit comme un bolide lancé à pleine vitesse entre les repas, la sortie de crèche, les devoirs, le bain, c’est un luxe dont je ne veux plus jamais me passer.

    Je fête mes 45 ans dans quelques mois et je sais déjà ce que je vais réclamer comme cadeau d’anniversaire.

  • #vismavie (avec Breguet)

    La nuit, alors que la maison est endormie depuis longtemps, la lumière reste allumée sur mon bureau.

    Je suis attablée, le nez plongé dans mes notes, les yeux rougis par mon écran et la fatigue.

    Depuis combien de temps n’ai-je pas dormi plus de cinq heures?
    Des semaines?
    Des mois? Je ne m’en souviens pas.

    La nuit, les idées naissent, l’imagination se réveille.

    Ma modeste plume me transporte vers d’autres siècles.
    Les siècles de tous les possibles.

    Et lorsque mon récit est terminé, lorsque l’aube fait poindre ses lueurs, je sors sur la terrasse pour les cueillir
    Fumer cette dernière cigarette avant d’aller me reposer.
    Et à chaque fois, je suis surprise de me retrouver dans le monde moderne.

    La nuit, je rêve que ma plume soit une baguette magique et me réunisse avec Abraham-Louis.

  • #vismavie (epuisee)

    Ce moment de plénitude quand les enfants dorment enfin.

    Se détendre et prendre du temps pour soi.

    Fumer des clopes sur la terrasse en regardant les étoiles, en pensant à rien.

    Profiter de la fraîcheur de la nuit.

    Et être au bout de sa vie parce qu’il est quand même 23:22, putain

  • #vismavie (sous la douche)

    Parfois mon homme me voit sortir en courant de la salle de bains, enroulée dans une serviette humide, les cheveux trempés, pour me précipiter sur mon clavier et le malmener en frappant rageusement sur ses touches.

    La douche est un moment de détente qui me permet de libérer les idées qui dorment en moi, celles que j’ai tellement bien rangées dans mon cerveau que je ne les retrouve plus, celles qui sont déjà là mais dont je n’ai pas encore conscience et celles qui naissent sous le jet brûlant.

    Inscrire immédiatement ce qui traverse ma tête en un éclair et disparaîtra tout aussi vite, mouillée, dégoulinante et angoissée.

    Parce que oui, écrire angoisse mais écrire libère.

    Et écrire se moque du savon non rincé, du shampoing qui mousse encore derrière les oreilles.

    Les idées viennent. Maintenant.

  • le pouvoir secret du bleu

    Si vous me connaissez un petit peu, dans la vraie vie ou à travers la prose que j’étale avec délectation dans ces pages ou même les réseaux sociaux, vous savez que tout ce qui touche à l’émotionnel pur, les souvenirs d’enfance et la famille sont des fondamentaux dont je me nourris au quotidien.

    Il arrive parfois qu’un simple détail, aussi insignifiant soit-il pour le commun des mortels, me transporte dans le passé, vers cette époque bénie d’insouciance dans laquelle j’ai grandi. Ce petit élément qui vient titiller ma mémoire que j’évoque ici est en réalité une couleur, un bleu mais pas n’importe lequel.

    Je suis l’aînée d’une fratrie composée de trois garçons et deux filles, et avec le frère le plus proche en âge, nous avons beaucoup joué ensemble lorsque nous étions enfants, malgré nos quatre ans d’écart. Nos moments de récréation consistaient essentiellement à me plier aux envies de ce cadet – un brin tyrannique, pardon de l’admettre – dont l’univers étaient peuplé de petits personnages Playmobil®, principalement des cowboys et des indiens. Dans ce western miniature figurait un fort de cavalerie américaine habité par des soldats dans leur uniforme bleu.

    Le fameux bleu Playmobil® de la Pelagos de Tudor
    © Mickael Gautier

    Ce bleu, ce fameux bleu qui a coloré mon enfance, je l’ai retrouvé sur le visage de la Pelagos de Tudor lorsque cette montre a été présentée à Baselworld il y a quelques années. Forcément, je l’ai instantanément aimée.

    C’est donc un regard tendre que je porte sur ce garde- temps parce que la couleur qui habille son cadran et sa lunette est chère à mes yeux. Lorsque je lis l’heure, je pense à mon frère, je pense à l’enfant que j’étais, et ces émotions-là, croyez-moi, n’ont pas de prix. Bien entendu, le surnom de Pelagos bleu Playmobil® n’est pas officiel, c’est juste un clin d’œil entre cette montre que j’ai la chance d’avoir au poignet et moi.

    Et pour mieux vivre mes souvenirs, je suis partie avec elle (et ma famille, bien sûr!) passer les fêtes de fin d’année dans la maison de campagne de ma mère, comme quasiment chaque année depuis ma naissance. Cette ancienne bergerie qui date d’il y a deux siècles est nichée sur une colline en pleine cambrousse catalane, coincée entre les Pyrénées et la Méditerranée. Un environnement un tantinet hostile et sauvage, en pleine nature, soit l’endroit rêvé pour tester cette Pelagos.

    La Pelagos de Tudor parfaite avec mon joli manteau bleu Modetrotter et mon duo de petites bagues Vanessa Martinelli dont je suis inséparable
    © Mickael Gautier

    Hiver oblige, je n’ai malheureusement pas pu me baigner pour faire quelques brassées avec elle mais de toute façon, vu qu’elle supporte des immersions jusqu’à 500m de profondeur, qu’elle possède un fond et une couronne vissés et une valve à hélium à 9h sur le flanc de son boîtier, je n’ai aucun doute quant à sa super étanchéité.

    Pas de baignades en eau salée ni même en eau chlorée certes mais comme toutes mes autres montres, elle a subi mon quotidien de maman en vacances à la campagne avec des enfants dont deux en bas âge qui courent partout et deux chiens de chasse… qui courent partout aussi!

    La Pelagos de Tudor, c’est dans la poche!
    © Mickael Gautier

    A part pour dormir, elle n’a pas quitté mon poignet. C’est la deuxième fois que j’emprunte une montre en titane (bracelet compris) et j’avoue aimer de plus en plus ce métal. Parce qu’il est léger et quand on porte une montre de plongée avec un boîtier de 42mm de diamètre sur un petit poignet comme le mien, le poids est un paramètre non négligeable. Parce qu’il est résistant et encaisse sans broncher les assauts de mon fils et les coups que je peux lui donner involontairement et maladroitement en la tapant contre le cadre d’une porte ou le rebord de l’évier. Parce sa couleur plus grise, plus sombre que l’argenté de l’acier me plaît énormément et se marie avec tout type de vêtement, un autre point qui me parle beaucoup vu que je n’ai plus le temps de réfléchir vingt ans sur la tenue à porter donc si en plus je dois l’assortir à ma montre…

    Revenons quelques instants sur le cadran, qui outre sa couleur que j’aime pour les raisons que vous connaissez désormais, présente des éléments caractéristiques des montres de plongée de Tudor que la marque a instaurés dès la fin des années 1960 telles les aiguilles de forme bâton dites “snowflakes” parce que celle des heures et la trotteuse sont terminées par un losange.
    Cette silhouette particulière couplée aux figures géométriques que sont les index permettent une prise d’information rapide même dans la pénombre (dans mon cas, pas au fond de la mer mais plutôt lorsque je vais vérifier que mes enfants dorment alors que la lumière de leurs chambres est éteinte).
    Et justement, puisque je mentionne la luminescence des indications, j’aime beaucoup le revêtement blanc à émission bleue, tellement plus beau et élégant que l’habituelle phosphorescence verte! Et la finition mate de l’ensemble qui annule tout reflet est un autre élément esthétique (mais aussi technique pour les vrais plongeurs!) qui me séduit. C’est agréable pour les yeux et fait de cette montre la plus photogénique de ma collection.

    Le cadran ultra-lisible de la Pelagos de Tudor
    © Mickael Gautier

    En termes de fonctionnalités, la Pelagos répond à mes besoins car elle présente l’essentiel, à mes yeux, c’est-à-dire la combinaison centrale heures/minutes/ secondes et la date (à 3h). Les seuls chiffres arabes présents sont ceux des graduations inscrits sur l’anneau bleu mat en céramique qui coiffe la lunette rotative unidirectionnelle.

    L’unique reproche que je pourrais faire à cette montre concerne la longueur du bracelet qui, même après avoir retiré un bon nombre de maillons, reste un peu trop “lâche” sur mon poignet, ce qui arrange Mickael puisque, grâce à la boucle déployante sécurisée qui embarque un système de rallonge automatique à ressorts, il peut emprunter ma Pelagos quand il veut!

    Nan, je vais pas lui prêter! 😉
    © Mickael Gautier
  • #vismavie (sans telephone)

    Samedi matin, ma carte SIM est morte.

    Il y a quelques années, j’aurai été hystérique à l’idée de ne pas être joignable.

    Mais là, au contraire, pendant 5 jours, je me suis sentie soulagée.
    Soulagée de ne pas avoir la pression d’un potentiel appel alors que j’ai horreur de parler au téléphone.
    Soulagée de pouvoir uniquement prendre des photos, envoyer des messages, lire la presse, vagabonder sur les réseaux sociaux.
    Soulagée d’être coupée du monde lorsque hors de portée de mon wifi.

    Et sereine parce qu’avec mes enfants et mon homme, sans téléphone, sans risque d’être dérangée.
    Encore mieux que le mode ”avion”.

    Il n’y a qu’une seule personne qui sait comment me joindre en cas d’urgence puisque je n’ai pas de ligne fixe non plus.

    J’aime toutes les fonctionnalités qu’offre mon téléphone… sauf le téléphone.

    Malheureusement, ma nouvelle carte SIM vient d’arriver.

  • #vismavie (de non-blanche)

    Le jour viendra où il me faudra expliquer à mon petit garçon ce qu’est le racisme comme je l’ai fait il y a quelques années avec ma petite fille

    Ma petite fille blanche, mon petit garçon blanc et leur maman… pas blanche

    Le prévenir qu’il y aura peut-être des enfants à l’école qui lui demanderont pourquoi sa mère n’a pas la même couleur de peau, de cheveux, d’yeux

    Lui dire qu’il subira des réflexions bêtes et méchantes, qu’il entendra peut-être des questions débiles et des “ta maman est africaine?”

    Le préserver quand on questionnera notre lien filial et charnel devant lui pour des histoires de ressemblance physique, que je serai obligée de sortir ma carte d’identité ou mes crocs lorsqu’on me prendra pour sa “nounou mauricienne”

    Lui faire comprendre le soulagement que j’ai ressenti à la naissance de chacun de mes enfants en découvrant leur joli teint rose parce que ne pas être blanc est un handicap dans ce monde de blancs et encore plus quand on porte un prénom à la con comme moi, que ça m’a pris des décennies avant d’accepter d’être Indienne et que je ne suis pas encore sûre de l’assumer

    Lui apprendre que je ne suis pas “exotique”, que les personnes qui me renvoient constamment à mes origines en me parlant de mon bronzage, de poulet au curry, parfois en faisant des gestes vers leur visage pour rire de ma couleur de peau n’ont rien de drôles

    Lui dire que ce délit de faciès, cette stigmatisation constante que je subis depuis plus de 40 ans et qui dégénère en violence pure pour d’autres personnes jusqu’au meurtre porte un nom: le racisme

    Lui rappeler que les races n’existent que pour les animaux, que nous appartenons tous à la même espèce – l’humanité-, que nous sommes faits de chair, de sang et d’amour

    Le jour viendra où je n’aurais rien à expliquer à mon petit garçon parce que toutes ces conneries auront disparu, que les hommes et les femmes auront enfin appris à s’aimer et se respecter.

    Et ce jour-là, je l’attends avec impatience