Le jour viendra où il me faudra expliquer à mon petit garçon ce qu’est le racisme comme je l’ai fait il y a quelques années avec ma petite fille
Ma petite fille blanche, mon petit garçon blanc et leur maman… pas blanche
Le prévenir qu’il y aura peut-être des enfants à l’école qui lui demanderont pourquoi sa mère n’a pas la même couleur de peau, de cheveux, d’yeux
Lui dire qu’il subira des réflexions bêtes et méchantes, qu’il entendra peut-être des questions débiles et des “ta maman est africaine?”
Le préserver quand on questionnera notre lien filial et charnel devant lui pour des histoires de ressemblance physique, que je serai obligée de sortir ma carte d’identité ou mes crocs lorsqu’on me prendra pour sa “nounou mauricienne”
Lui faire comprendre le soulagement que j’ai ressenti à la naissance de chacun de mes enfants en découvrant leur joli teint rose parce que ne pas être blanc est un handicap dans ce monde de blancs et encore plus quand on porte un prénom à la con comme moi, que ça m’a pris des décennies avant d’accepter d’être Indienne et que je ne suis pas encore sûre de l’assumer
Lui apprendre que je ne suis pas “exotique”, que les personnes qui me renvoient constamment à mes origines en me parlant de mon bronzage, de poulet au curry, parfois en faisant des gestes vers leur visage pour rire de ma couleur de peau n’ont rien de drôles
Lui dire que ce délit de faciès, cette stigmatisation constante que je subis depuis plus de 40 ans et qui dégénère en violence pure pour d’autres personnes jusqu’au meurtre porte un nom: le racisme
Lui rappeler que les races n’existent que pour les animaux, que nous appartenons tous à la même espèce – l’humanité-, que nous sommes faits de chair, de sang et d’amour
Le jour viendra où je n’aurais rien à expliquer à mon petit garçon parce que toutes ces conneries auront disparu, que les hommes et les femmes auront enfin appris à s’aimer et se respecter.
Et ce jour-là, je l’attends avec impatience